Sistranalle
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Sistranalle
C'est une elfe joyeuse et sautillante.
Elle se déplace sans bruit, sur la pointe des pieds, parle d'elle à la troisième personne, et aux autres de façon très formelle, "à la elfe", et poétique, "à la barde".
Elle se nourrit de rosée, et, dans les moments de voracité, d'un peu de miel.
Elle cherche, dans le cadre de sa formation de barde, à se renseigner sur les autres peuples, et est prête, pour cela, à vivre - de loin, si possible - toutes les aventures.
Elle ne craint pas, quand elle compose, de prendre de la distance avec la réalité.
Elle se déplace sans bruit, sur la pointe des pieds, parle d'elle à la troisième personne, et aux autres de façon très formelle, "à la elfe", et poétique, "à la barde".
Elle se nourrit de rosée, et, dans les moments de voracité, d'un peu de miel.
Elle cherche, dans le cadre de sa formation de barde, à se renseigner sur les autres peuples, et est prête, pour cela, à vivre - de loin, si possible - toutes les aventures.
Elle ne craint pas, quand elle compose, de prendre de la distance avec la réalité.
Re: Sistranalle
Alors qu'arrive le moment de quitter Port-Franc...
La plume de Kronch entre les doigts, un vélin déplié sur la table, elle essaie de s'imaginer les périls qu'ils risquent de rencontrer (une image d'élégant couvre-chef à pompons lui vient : elle la repousse), les conditions atmosphériques effroyables (peut-être une veste de velours taupe sur une tunique de satin safran ?), les très mauvaises rencontres qu'ils ne manqueront pas de faire (ce sont bien des chausses en cuir souple, toutes brodées de fil d'or, qu'elle a aperçues par-dessus la tête de Trompillon au fond d'une boutique ?), le manque d'eau et de nourriture, le manque d'air, même, peut-être …
Elle compte à nouveau ses pièces d'or, puis sort discrètement de l'auberge, la tête pleine d'images de chausses raffinées, de velours miroitants et de satins changeants.
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Re: Sistranalle
- Ne pas lire, réservé à Sistranalle :
Sistranalle et l’Épaule droite, avant le départ à l'Île du Cristal
Courbé à son bureau, l'Elfe fit signe à la jeune barde d'avancer. Quelques heures après sa requête d'un entretien avec l’Épaule droite, on avait introduit Sistranalle au palais, par une entrée latérale, puis menée à travers un dédale de couloirs jusqu'aux appartements du Conseiller. Là, dans le contrejour de fin d'après-midi, dos à une fenêtre, la silhouette voutée de son congénère faisait peine à voir.- - -
Avec un infini respect, Sistranalle s'avance vers le Grand Elfe (elle ne peut se résoudre, ne serait-ce qu'en esprit, à l'appeler l’Épaule droite – il est tellement plus que cela), et met un genou en terre devant lui, les yeux fixés sur le sol : " Seigneur, je ne pouvais quitter la ville sans vous avoir consulté d'abord. Je suis dans de grandes interrogations, et vous seul pouvez m'aider à trouver des réponses. "- - -
" Viens donc t'asseoir à côté de moi, Sistranalle. "
Elle releva les yeux.
Se saisissant d'une canne appuyée contre bureau, le vieillard claudiquât jusqu'à deux fauteuils disposés en vis-à-vis. Il se laissa choir pesamment dans l'un d'eux, face à la fenêtre. Ses traits, qu'elle distinguait mieux à présent, reflétaient une bienveillance que n'avaient pas érodée les rouages du pouvoir. Son bras indiquait le second siège d'un geste engageant.
" Que sont donc ces grandes interrogations qui t'agitent ? "- - -
Impressionnée par la dignité du Grand Elfe, Sistranalle vient timidement s'asseoir au bord du grand fauteuil qu'il lui désigne.
Il l'a invité à se confier, mais elle hésite : si elle lui révèle ses peurs les plus profondes, que pensera-t-il d'elle ?
Le silence s'éternise sous le regard bienveillant et fatigué du vieil Elfe. Mal à l'aise, Sistranalle est bien obligée de se lancer : " Seigneur, voici ce qui me préoccupe : en quittant la cité de mes parents, nef splendide sous le ciel, j'ai fait le vœu de remonter le fil des origines de mon peuple, les Elfes du Levant… Bien sûr, je souhaitais aussi faire mes preuves en tant que barde, et c'est que j'ai fait, ce que je fais… Au début de mon voyage, j'ai croisé le chemin d'êtres étrangers à mon peuple, et, à ma grande surprise, nous nous sommes coalisé afin de lutter contre les périls de ce monde. Je ne peux que m'en féliciter : quelle source inépuisable d'inspiration ! "
Sistranalle interrompt son discours, gênée d'en avoir déjà tant dit. Puis, comme le Grand Elfe persiste à lui prêter une oreille attentive, elle poursuit : " Cependant… cependant, j'ai l'impression, avec tous ces événements récents, d'avoir négligé le vœu qui a motivé mon voyage… d'avoir négligé ma quête… de ne pas me montrer digne de mes ancêtres… "
Submergée par une vague d'émotion, comme étouffée par la honte, Sistranalle ne parvient pas à poursuivre. Les yeux fixés sur la pointe de ses chaussures, elle lutte pour ne pas éclater en sanglots.- - -
Un silence s'installât. Ses derniers mots avaient été si faibles qu'elle se demanda si le vieil Elfe les avait entendu. Elle prit une inspiration et releva la tête.
Son interlocuteur lui souriait, presque paternellement. Il prit enfin la parole.
" En ce bas monde, tout un chacun couve une ambition. Souvent elle évolue avec l'âge, d'ailleurs. Mais on s'en ouvre rarement : c'est un sujet si personnel...
Je mesure combien il est courageux de te confier ainsi à moi, Sistranalle. "
De sa main noueuse il caressait un accoudoir sculpté, sans se départir de son sourire.
" J'ai moi aussi une ambition personnelle, qui pourra te sembler vaine, mais qui m'est chère : j'aspire à plus de sagesse.
Avec une certaine ironie du destin, la fourberie de ce mage m'a affublé d'un âge avancé sans m'en prodiguer les vertus : le détachement, l'expérience, le jugement, le savoir, ... De tout cela je suis encore bien imparfaitement doté - quoiqu'en laisse croire mes cheveux blancs - et je doute de disposer du temps que j'espérais pour l'atteindre un jour. Et pourtant...
Cela fait de nombreuses années que mes pas se sont arrêtés à Port-Franc. Ce fut, tu t'en doutes peut-être, à l'occasion d'une escale en cette cité que j'ai quitté notre peuple pour m'établir ici. Trop rares, je le déplore, sont les jeunes personnes qui aspirent, non pas seulement à une forme d'aventure, mais plutôt de découverte, en étant prêts, comme je l'étais alors, à confronter sa culture à celle d'une race dont on ignore presque tout.
Les premiers temps m'enseignèrent l'humilité. Nous sommes issus d'un peuple réputé pour sa suffisance... Certes, nous avons une culture ancestrale, un art inimitable, et une philosophie de vie issue d'un long héritage. Mais les Humains - et il en va de même, dans d'autres domaines, des Nains, des Halfelings et probablement de toutes les races intelligentes - ont développé des talents qui nous sont inconnus ou nous font défaut : des compétences et une indéniable habileté dans certains domaines, bien sûr, mais je pense aussi à certaines valeurs dont nous gagnerions à nous inspirer davantage.
J'ai donc eu, comme tu l'as aujourd'hui, le privilège de côtoyer d'autres races. J'ai découvert que les Humains sont capables du pire comme du meilleur. Et si je passe sous silence mes quelques déceptions, ils m'ont plus d'une fois confondu par leur sens du devoir, leur altruisme et leur optimisme. C'est à leur contact que j'ai appris cette leçon, qui devait guider le reste de mon existence : c'est en servant les autres que l'on se sert soi-même. Qu'ai-je reçu de mon dévouement au service des Gouverneurs de Port-Franc ? Une certaine forme de reconnaissance, bien sûr, des avantages matériels, un prestige même. Mais cela est finalement bien insignifiant. Non, ce que j'ai reçu de ces années de service, d'écoute, des choix difficiles, c'est justement d'approcher un peu plus de cette sagesse que j'appelle de mes vœux. J'ignore si tu crois en un quelconque Dieu, Sistranalle. J'ai du mal moi-même à me faire une opinion à ce sujet. Mais ce que m'a enseigné mon expérience, c'est qu'une forme de morale régit ce monde.
Avec tes compagnons, vous avez rendu à Port-Franc un service aussi méconnu qu'inestimable. Et vous continuez, d'ailleurs, avec votre soutien pour les démarche à l'égard des Nains comme avec vos conseils avisés pour l'administration de la cité. Vous en avez tiré quelques bénéfices pécuniaires, ainsi que ma profonde gratitude, bien sûr. Mais ta juste rétribution, Sistranalle, ta récompense imprévue, n'a-t-elle pas été de nourrir ton art, alors même que tu ne poursuivais pas intentionnellement ce but ?
Je ne peux que t'inciter à continuer ainsi. Tes compagnons son gens de valeur. A leur côtés, défendez ce en quoi vous croyez, luttez contre les menaces, mettez-vous au service de grandes causes. Et j'en suis certain, tu verras par un juste retour des choses tes souhaits exhaussés. Quant à tes scrupules, ne t'inquiète pas. Non seulement tes actes font honneur à tes ancêtres, mais, comme je viens de le dire, grâce à eux, un jour viendra où tu en apprendras plus sur tes origines. Ce n'est malheureusement pas par ma bouche que tu sauras ce que tu cherches, car je ne suis pas retourné auprès des nôtres depuis bien longtemps, me contentant d'échanger avec les nefs de passage, et suis fort ignorant dans ce domaine précis. Mais sois patiente, le moment viendra. "- - -
Fascinée par le Grand Elfe, profondément émue par son discours, touchée par l'harmonie et la profondeur de ces paroles, Sistranalle a, sans s'en rendre compte, levé les yeux vers l’Épaule droite.
Le vieil elfe s'est tu, et Sistranalle porte vite son regard sur le sol, sidérée de s'être en si peu de temps laissée influencer par les habitudes de ses compagnons d'aventures.
Elle sent bien que cette entrevue a épuisé l’Épaule droite … Pourtant, elle a encore une requête.
" Seigneur, ajoute-t-elle timidement, pardonnez mon audace … Il est probable que nous ne nous rencontrions plus sur les mers de ce monde ; or, je souhaite ardemment chanter votre sagesse, vous honorer, vous faire connaître de tous les peuples vivant sous le ciel … Puis-je vous demander … quel … nom notre peuple vous donne ? "
Cramoisie, tétanisée, certaine d'exploser en poussières dans la minute, Sistranalle attend la réponse du Grand Elfe.- - -
L'Elfe leva un sourcil.
" Chanter mon nom ? Quelle curieuse idée."
Il tourna son regard au-dessus de l'épaule de Sistranalle, au-delà de la fenêtre, vers l'océan, et soupirât.
" Comme il peut être tentant de céder à l'orgueil... "
Puis, plongeant à nouveau ses yeux dans ceux de la barde, il arbora un grand sourire.
"Je suis flatté de cette idée de m'associer, pour ainsi dire, à ton art. Mais vois-tu, je tiens trop à mon insignifiance. "
Ce faisant, il se saisit sa canne et se leva péniblement. Avec un sens consommé des convenances, il invitât son hôte à se diriger vers la porte. L'entretien touchait à sa fin.
Quelques mètre franchis, il avait déjà la main sur la poignée, lorsqu'il interrompit son geste pour se tourner à nouveau vers Sistranalle.
" Je ne peux pas te donner mon Vrai Nom. Tu le comprendras quand tu auras toi-même reçu le tien.
Mais puisque cela semble compter pour toi, voici celui de ma naissance, qui n'a pas franchit mes lèvres depuis bien des années. Je m'appelais Laonivar ", fit-il dans un murmure.
Il ouvrit la porte et prononçât d'une voix plus forte.
" Et quoique que tu en dises, je compte bien te revoir sous peu. Bon voyage, Sistranalle. "
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