Morn - L'ordre des Sentinelles de Cendres

Cérémonie funèbre

L’officiant revêt un surcot de sable et de gueules
Préparer un bûcher et une barque de joncs
A défaut du défunt, préparer une effigie
Au crépuscule, sacrifice d’un animal (bélier de préférence, mais le rite s'accommode de la coutume locale et de ce qui est disponible)
Le sang est récupéré
Préparation rituelle du dernier repas. Une part pour les proches qui festoient, une part pour le mort, qui sera rituellement brûlée. Les cendres sont récupérées.
Mélange du sang et des cendres, préparation du masque mortuaire pour l’officiant (peinture de crâne au sang mêlé de cendres)
Veillée funèbre, préparer le voyage (encens, laver le corps, l’oindre, tracer les runes qui faciliteront le passage de l’âme avec le sang mêlé de cendres)
Crémation à l’aube
“Des cendres je suis le héraut. Des âmes je suis la faux.”
“Détache-toi enfin de ce qui te retient ici, ton voyage commence. Ne crains pas le jugement car la peur n’a plus de sens passé les portes de la Mort”
Si le défunt est inhumé, inhumation dans la foulée de la crémation de l’effigie. Pas de cercueil, mais une barque de joncs
Transe pour accompagner spirituellement le défunt
Dispersion des cendres au crépuscule
“Des cendres je suis le héraut. Des âmes je suis la faux.”
“Légère te soit les cendres” (variation si le corps est inhumé, les cendres sont dispersées sur la tombe)
L’officiant se lave rituellement, de préférence dans l’eau courante.

L'urne funéraire de St Cestax


Une représentation de St Cestax

Ordre des Sentinelles de Cendres

Fonctions:
Sentinelles des Cendres : Gardiens des Nécropoles
Veilleurs des Cendres : Archivistes de l’Ordre
Hérauts des Cendres : Religieux itinérant, pour porter la Foi ou en mission pour l’Ordre (Ordre qui entretient soigneusement la confusion, pour ne pas dévoiler ses intérêts)
Braises des Cendres : Assassins de l’Ordre (branche connue seulement du premier cercle. Les Braises ne se connaissent même pas entre eux)
Brandon des Cendres : le Maître des Braises. Membre du 1er Cercle
Gardien des Cendres : Maître d’un Monastère ou d’une Nécropole
Cardinal des Cendres : Membre du 1er Cercle de l’Ordre
Cendre des Cendres : Le Grand Maître de l’Ordre

Promotions :
Jusqu'au grade de Hiérophante, c'est le Gardien du Monastère qui choisira les impétrants et leur fera subir une épreuve de Foi (qui pourra prendre diverses formes, mais qui couvrira les champs de la connaissance du dogme, l'aspect spirituel (une quête onirique par exempl) et la maîtrise physique (l'ordre ayant une inclination vers le fait de garder la frontière entre les morts et les vivants, cela se comprend).
Pour devenir Archonte, il y a une quête ou plusieurs quêtes à mener (selon la Branche, mais typiquement la récupération d'une relique importante pourrait rentrer dans l'épure), un parrainage par un Archonte qui proposera au Gardien l'impétrant.
Pour devenir Gardien, ce seront les autres Gardiens de la région qui choisiront par cooptation parmi les Archontes si un retient leur attention.
Les Cardinaux sont en nombre limités et changent à la mort (ou au retrait) d'un d'entre eux par cooptation également.
Cendre est élu parmi les Cardinaux.
Sauf si des signes de Morn viennent perturber le cycle, évidemment.

Rangs
Novice
Acolyte
Hiérophante
Archonte
Gardien
Cardinal
Cendre

Prérogatives des grades :
Novice : statut d'élève, sans responsabilité, bon pour les corvées les plus basses
Acolyte : premier rang réel dans l'ordre. Selon la branche, les responsabilités varient, ce sont les copistes, les gardiens des nécropoles, les protecteurs des chapelles et calvaires, des prêtres itinérants sous la responsabilité d'un Monastère, a priori sur un petit territoire
Hiérophante : le Hiérophante est un enlumineur, un maître de cérémonie, un "officier", un enquêteur, un prêtre... Il a autorité sur les Acolytes par le rang, et éventuellement par la fonction. Pour un Héraut dess Cendres, il sera plus libre de ses mouvements qu'un Acolyte, ne répondant que rarement au Monastère dont il dépend, et uniquement quand il le juge utile. Il peut être chargé de missions plus ou moins discrètes pour le compte de l'ordre (servir de négociateur ou d'ambassadeur pour une ville de la taille de Haute Bannière par exemple, enquêter sur une disparition, ...).
Archonte : L'archonte commence à avoir un rôle plus politique, il accomplit les tâches sensibles et entre dans certains secrets de l'ordre. Selon sa branche, il va être maître d'archives, chef d'un petit monastère (qui dépendra d'une plus grande structure), inquisiteur, envoyé auprès d'une cour d'importance...
Gardien : Maître d'une grande structure (monastère, nécropole, bibliothèque...). Les cardinaux sont choisis dans leurs rangs. La plupart supervisent plusieurs Archontes et Hiérophantes de différentes branches.
Cardinal : ils sont liés aux branches et donc à des aspets différents du culte. Ils dirigent et orientent l'ordre.
Cendre : le vaisseau de Morn pour l'ordre. Il répond des frontières entre vivants et morts.


A cela peuvent s'ajouter des titres honorifiques, tel que Veneur des Cendres pour un célèbre chasseur de morts-vivants par exemple.

Autre honneur, à partir du rang d'archonte, les membres de l'Ordre peuvent choisir un nom de famille (certains reprennent celui qu'ils avaient avant d'intégrer l'ordre, mais la plupart en choisissent un nouveau ou accepte celui que leur mentor leur donne).

Les neufs morts de Saint Cestax

La première mention de son histoire dans les archives de l'ordre est connue sous le nom de Première Mort. L’Ordre ne garde aucune trace des évènements ayant précédé ce récit. Il est murmuré que Cestax lui-même aurait été fort peu disert à ce sujet. Néanmoins, tous les Veilleurs des Cendres ne partagent pas cet avis. Mais aucun ne l’admettra publiquement.

Première Mort
Cestax est arrivé en Alarian par la mer. Marin venue d'une terre lointaine, sa peau cuivrée et ses cheveux noirs comme la nuit le distinguait des autres nains déjà établis dans le royaume. Il fut un jour recueilli en Talban, sur les rives du Golfe des Tombeaux, aux portes de la mort, naufragé au milieu d'espars à demi-calcinés , son navire perdu corps et bien.
Sa carrière de marin lui avait appris qu'il est des puissances contre lesquelles aucun mortel ne peut rien.

Deuxième Mort
Cestax, qui était encore jeune, s'intégra dans la petite communauté qui l'avait recueilli et commença une vie simple de paysan. Il y apprit la patience de ceux qui dépendent de la terre. Hélas, en ces temps reculés, les pillards étaient nombreux et une razzia d'hobgobelins détruisit son village, tuant, pillant et brûlant. Laissé pour mort, il se réveilla au milieu des ruines fumantes, seul à nouveau. Il prit alors la route et vagabonda, des années durant.

Troisième Mort
Robuste et bien bâti, avec un œil sûr et habile à jouer de la lame, il fut recruté dans une compagnie mercenaire. Devenu chien de guerre, il participa à moult escarmouches, embuscades et batailles rangées. Devenu sergent à force de volonté et de prouesse, il commandait à ses hommes lors d'un siège, lorsqu'il fit une chute du haut des remparts. Il fut réveillé la nuit venue par un détrousseur de cadavres, qui eut la peur de sa vie, persuadé de voir Cestax ressusciter devant lui. Ce pillard était un demi elfe du nom d'Esagred. Il devait devenir bien plus tard le premier disciple de Cestax.

Quatrième Mort
Guidé par Esagred, Cestax intégra la Main de Cendres, une guilde clandestine s’étant fait une spécialité de fournir des services d’extorsion et d’assassinat. Cestax se révéla être doué pour distribuer la mort, tant et si bien qu’il causa rancoeur et jalousie parmi les anciens de la guilde, qui voulurent se débarasser de lui en s’assurant qu’il soit pris au cours d’une mission. Ils ne réussirent que trop bien, car Ban Erjat, l’inquisiteur humain qui enquêtait sur la main de Cendres saisit l’occasion pour démanteler l’organisation, prenant et tuant les maîtres, et dispersant la plupart des membres. Cestax survécut à sa pendaison et Ban Erjat, comprenant qu’un tel miracle ne pouvait être que le signe qu’un Dieu protégeait Cestax, le laissa partir, disant que la sentence avait été rendue. Ban Erjat serait plus tard le second disciple de Saint Cestax.

Cinquième Mort
Cestax, ayant de nouveau survécu contre attente, chercha à fuir son Destin et partit pour Talbet Hav, où à force de ténacité, de ruse, de chance, il devint un prospère marchand. Fidèle à ses anciennes amitiés, il rassembla les anciens membres de la Main de Cendres et ajouta à son profitable négoce une façade plus sombre. Nonobstant, il conserva dans les hautes sphères une réputation respectable et se maria avec Breta, fille d’un noble désargenté. Ils eurent une fille, Nejane. Ils vécurent heureux… Mais, comme la nuit succède au jour, le Destin de Cestax lui imposa une nouvelle épreuve. Accident ou vengeance d’un concurrent évincé, un terrible incendie ravagea sa demeure. Il perdit son épouse dans les flammes et fut lui-même retrouvé au milieu des cendres, miraculeusement vivant. De Breta, les flammes ne laissèrent que le souvenir.
Breta est néanmoins connue comme la Troisième Disciple, bien que les textes restent floues sur pourquoi et comment elle a hérité de ce titre.

Sixième Mort, ou la Mort perdue.
Après cette tragique nuit de flamme et de deuil, Cestax éprouva le besoin de se retirer du monde. Il accompagna une caravane de marchandises vers Gramelin, avec Nejane.

Le Livre des Neuf Morts de Saint Cestax, dans sa version originelle (du moins celle qui est considérée comme telle. Elle serait, d’après certains Veilleurs à la limite de l’hérésie, apocryphe. C’est en tout cas la plus ancienne copie connue), est brûlée partiellement, tandis que le reste de l’ouvrage est intact, hors les ravages du temps. la Sixième Mort est donc, de facto, inconnue et appelée “la Mort perdue”.

La caravane n’arriva jamais à destination et tous le croyaient mort, à l’exception d’Esagred, qui gérait les affaires de Cestax, persuadé que son ami allait revenir. Mais, le temps passant, même le Premier Disciple se mit à douter et il fit appel à Ban Erjat pour le rechercher. Ce dernier accepta et arpenta Alarian à sa recherche. En vain.
Dix ans après sa disparition, Cestax parut un jour sur le pas de sa porte, à Talbet Hav. Il était seul et son visage et son corps arboraient d’étranges marques et tatouages.
De ce qu’il s’était passé, il ne voulut rien dire. Il déclara simplement qu’il avait fini de tenter d’échapper à son destin et qu’il avait entendu l’appel du Juge des  mes.
Il vendit alors tous ses biens et acheta une île en la Cité de Talbet Hav.
De Nejane, nulle trace et Cestax refusa toujours de répondre à toute question à son sujet autrement que par un demi-sourire mélancolique et un regard qui n’invitait pas à la conversation.

Septième Mort
A ses deux premiers disciples, Cestax expliqua qu’il avait rencontré Morn, le Dieu de la mort et de la pesée des âmes. Si forte était la conviction qu’il portait, qu’ils le crurent immédiatement et se convertirent au culte de Morn. En ces temps reculés, chaque culture, chaque royaume, presque chaque village avait ses rites mortuaires, dérivées des pratiques du Dieu dominant dans la région et souvent associés à une figure tutélaire de la mort au rayonnement local. Certains cultes étaient plus formalisés et commençaient à se structurer, mais Cestax fut le premier à arriver avec une foi de portée universelle en un Dieu de la Mort unique et commun à tous les panthéons. Il bâtit l’ordre des sentinelles de cendres autour des restes de l’ordre de la Main de Cendres.
Sa foi, sa détermination et son vaste réseau de contacts issus de ses vies précédentes assurèrent à l’ordre une place au sein des institutions de Talbet Hav assez vite. Quand le Haut Roi le fit mander pour lui demander ce qu’il pouvait lui promettre pour l’au-delà, Cestax se contenta de le fixer intensément, avant de lui dire “Sire. Je ne peux que vous promettre une cérémonie digne des plus grands et d’accompagner votre âme à travers le désert de cendres, jusqu’à la pesée des âmes. Pour le reste, c’est à Morn de décider, selon vos actes. Je ne commande pas à mon Dieu, et je n’ai pas à juger. Que vous dit votre conscience ? ”

Le Haut roi le congédia et s’enferma 9 jours et 9 nuits dans sa chambre. Puis il rappela Cestax et s’entretint avec lui une nuit entière. Nul ne sait ce qui fut dit, car ni l’un ni l’autre n’évoquèrent jamais le sujet. Néanmoins, il fut décrété le lendemain que le rite de l’Ordre des Cendres serait appliqué à toutes les funérailles royales à venir. Si les autres cultes mortuaires ne furent pas interdits, leur influence diminua rapidement.
Ce qui n’alla pas bien sûr sans créer de jalousies.
Une cabale se forma rapidement et un assassin fut envoyé pour que Cestax rejoigne son nouveau Dieu plus tôt que prévu. Au matin, Esagred trouva Cestax à peine vivant dans une mare de sang et à côté de lui son bourreau, raide mort. Il s’était jeté sur sa propre lame. Nul ne sut jamais pourquoi…
A peine deux jours après cette nuit fatale, le Haut Roi mourut de vieillesse et l’on fit mander le premier héraut de Morn. Cestax, qui avait passé les deux jours précédents aux portes de la mort, se leva, comme rescucité et procéda à la cérémonie.
Il arriva au palais alors que le banquet de deuil coutumier battait son plein. Son entrée, le teint pâle comme un cadavre qui contrastait avec ses tatouages d’un noir d’encre, ses yeux luisants d’une inhumaine détermination, tout cela fit immédiatement taire l’assemblée. On dit qu’un vent glacial accompagna son arrivée dans la salle. Il tonna “Que vois-je ? Vous festoyez et aucune part n’est réservée pour le mort ? Qu’on m’apporte les plus beaux morceaux, car c’est ainsi que l’on célèbre ceux qui entreprennent le dernier voyage !” On lui apporta un plat d’or portant le cœur d’un ours qu’il plaça directement au cœur du brasier central de la salle du banquet. Et quand le coeur fut réduit à un morceau de charbon, il reprit le plat, à mains nues, sans pour autant que le feu ne semble l’affecter. Il présenta le cœur à l’assemblée et le réduisit en cendres dans une coupe du vin le plus précieux. Tandis qu’il déclamait les grands moments de la vie du Haut Roi, il s’entailla les avant-bras et fit couler son sang dans la coupe. Puis, il se fit emmener à la chambre où reposait la dépouille royale.
Nul n’avait osé l’interrompre, pas même les plus puissants du royaume, ni ses plus vocaux adversaires. D’après ses disciples, c’est Morn qui parla à travers lui ce soir-là.
Il lava le corps du souverain, puis traça avec le mélange de sang et de cendres les runes cabalistiques sur le corps du souverain et le sien, pour finir par le masque de mort sur son visage.
Pendant ce temps, ses disciples bâtirent dans la grande cour du palais un immense bûcher, sur lequel on plaça les trésors les plus précieux, armes, bijoux, parures… Nul ne s’opposa car telles étaient les dernières volontés du monarque.
Au matin, le souverain défunt fut placé sur le bûcher et Cestax décrivit à l’assemblée le chemin de cendres que le roi allait parcourir, avec lui-même pour guide. Il continua en rappelant que Morn ne s’intéresse pas au corps, mais à l’âme seule, et que le feu permet de détacher l’âme du corps en effaçant toutes les attaches terrestres. Il alluma le bûcher par la seule force de son regard et le corps se consumma toute la matinée. Les flammes étaient si brûlantes que les courtisans durent reculer. Seul Cestax resta à côté de l’incendie, en transe. Il médita durant toute la combustion, et même bien après. Quand il finir par ouvrir les yeux, il déclara simplement qu’il avait mené le haut roi jusqu’à la grande Citadelle par delà le désert de cendres, où Morn pèserait son âme. Un grand vent se leva et dispersa alors les cendres du bûcher, et on dit que ce fut comme s’il neigeait sur la ville. Cestax conclut alors la cérémonie par ces mots : “Morn l’a voulu ainsi. Les cendres sont dispersées, l’âme est libérée. Des âmes je suis la faux, des Cendres je suis le hérault”.

Huitième Mort
Des années passèrent, et l’ordre des sentinelles de cendres prospéra, jusqu’à faire de Morn la divinité de la Mort reconnue en tout Alarian. Cendre des cendres d’un culte qui se structurait de plus en plus, Cestax prêchait avec feu et s’assurait que les ennemis de l’ordre aient besoin de ses services plus tôt qu’ils ne l’auraient espéré. Un jour pourtant, les pouvoirs des clercs de l’ordre disparurent, semant un grand trouble parmi les croyants. Cestax reçut en rêve la visite de Morn. Sol’Nen, un puissant seigneur démoniaque, issus des Abysses les plus noires, lui avait dérobé la balance des âmes pour se servir de sa puissance afin d’accéder au statut de divinité. Cestax devait la retrouver. S’il échouait, bientôt, les âmes des défunts égarés reviendraient hanter la terre des vivants.
Cestax réunit le premier cercle de l’ordre et leur expliqua la quête confiée par Morn. Tous voulurent immédiatement envoyer l’ordre sur les routes pour traquer le voleur. Alors que le ton montait, Cestax les fit taire d’un geste de la main. La balance des âmes ne pourrait être trouvée aussi facilement. Il fallait suivre la trace de Sol’Nen depuis les portes de la Citadelle jusqu’à son repaire. Il leur révéla alors son plan. Lui seul irait, car c’était à lui que Morn avait parlé. Et pour rallier la Citadelle de cendres, il prendrait le chemin des âmes. Esagred lui tendit alors une fiole, contenant le sang d’un drake de feu, un poison terrible, dont nul ne pouvait réchapper. Cestax but la fiole, poussa une hurlement terrible alors que le venin le consumait de l’intérieur, et il s’effondra.
On le fit aussitôt porter sur un catafalque, et son corps fut veillé nuit et jour pendant une dizaine entière. Miraculeusement, alors que toute vie semblait l’avoir abandonné, son corps resta intact.
Cestax parcourut la plaine des cendres au milieu des âmes en peine, jusqu’à la Citadelle, et là il vit la déchirure sombre dans le tissu de la réalité, laissée par Sol’Nen. Il le poursuivit à travers plusieurs plans, des Cieux aux Abysses, avant de le trouver finalement au seul endroit où le démon pouvait accomplir son rituel : En Alarian ! Quelque part dans les confins des monts volcaniques de Gramelin. Cestax crut arriver trop tard car son corps mortel était bien loin, et il ne pouvait pas se glisser sur la terre des vivants pour affronter l’abomination qui voulait devenir un dieu. Alors qu’il allait céder au désespoir, il vit que la balance projetait une ombre à travers les plans et qu’il pouvait la saisir. Il s’en empara sans coup férir. Mais Sol’Nen, hurlant de rage de se voir déposséder de l’artefact au moment où il allait accéder à sa puissance, déchira la barrière entre les mondes et se jeta sur Cestax pour le dévorer. Une lutte titanesque s’engagea et le Nain (mais était-il encore un simple mortel ?) rendit coup pour coup au terrible démon. Hélas, la rage de Sol’Nen était si grande que la douleur n’avait pas de prise sur lui, et lentement mais sûrement, il prenait le dessus. Cestax, à bout de force, tomba à genoux dans la plaine de cendres. Le temps sembla ralentir et Cestax sut ce qu’il devait faire alors que le démon, sûr de sa victoire rugissait déjà de sauvage satisfaction. “Des âmes je suis la faux, des cendres je suis le héraut.” Il prit une pleine poignée de cendres et la façonna en un instant en une faux terrible. Son premier coup emporta le bras droit du démon, dont les cris passèrent de la rage à la peur. Il tenta de s’enfuir à tire d’ailes, mais Cestax lança alors son arme, qui se changea aussitôt en une lance de cendres et fila droit vers le démon, lui perçant l'œil. Les hurlements du démon se dissipèrent alors que son essence même se dissipait. Cestax puisa alors dans ses dernières forces pour porter la balance à son maître.
“Ô Morn, ta balance t’est rendue. Pèseras-tu mon âme ?”
Morn secoua gravement la tête. “Non. Ton heure n’est pas encore venue, d’autres tâches t’attendent de l’autre côté du voile.”
Morn se réveilla alors et murmura : “L’ordre est restauré.”
On dit que Cestax a depuis ce moment toujours eu la vision de l’ombre de la balance des âmes en notre monde et qu’il savait la retrouver.

Neuvième Mort
Cestax eut une vie particulièrement longue, même pour un Nain, mais plus extraordinaire, l’âge ne semblait pas avoir de prise sur lui. On disait que cela était normal pour le favori de Morn, et on murmurait que peut-être était-ce normal pour l’avatar de Morn en Alarian…
Un jour néanmoins, il sut que son heure approchait et qu’il lui restait une dernière mission à accomplir. Il partit avec un petit carré de fidèle et laissa au Cardinal Xiel’Du la garde du Temple principal, en lui disant que bientôt il saurait ce qu’il avait à faire.
Cestax prit la route de l’est et se rendit en Gramelin, sur les lieux du rituel de Sol’Nen qu’il avait interrompu des décennies plus tôt. Ce lieu perdu au cœur des monts de Gramelin était connu sous le nom de Sombre Mesa.
Cestax y fonda un Monastère, qui surplombait le plateau, et abritait dans ses fondations d’innombrables galeries volcaniques, qui allaient devenir la première et la plus grande nécropole de l’ordre des sentinelles de cendres. Il en confia la garde à Finrob, le premier maître du Monastère de la Sombre Mesa.
On dit que Cestax lui confia un terrible secret sur la Sombre Mesa, expliquant pourquoi l’ordre devait à jamais monter la garde ici et abriter des légions de morts dans les galeries labyrinthiques de la nécropole. D’après certains textes, Finrob, qui était réputé pour ses cheveux noirs de geai, sortit de sa conversation avec Cestax avec les cheveux blancs comme la cendre la plus pure. Il accepta néanmoins sa mission, car tel était le destin des serviteurs de l’ordre.
Sa dernière tâche accomplie, Cestax murmura qu’enfin il allait pouvoir servir Morn de l’autre côté du voile, car le service de Morn ne s’arrête pas avec la mort. Il s’allongea, ferma les yeux et rendit son dernier souffle en ce monde.
Finrob Blanche Couronne présida à la cérémonie de crémation de Saint Cestax. Morn lui souffla que seul le feu le plus terrible pourrait parvenir à réduire en cendres la dépouille de Cestax. Il prépara donc le bûcher au sommet du plus grand volcan qui surplombait le monastère. On dit que la veillée funèbre dura dix jours pleins et que le banquet dura deux jours entiers. La cérémonie en elle-même commença par le plus long hommage qu’on eut jamais entendu, à la mesure de la vie de Saint Cestax, et l’invocation de la grâce de Morn prit des heures. Le soleil allait se coucher quand dans les dernières lueurs du jour mourant, le volcan entra en éruption. Les spectateurs fuirent se réfugier dans le monastère qui fut miraculeusement épargné par la lave. Finrob accomplit son devoir d’officiant jusqu’au bout et resta à côté du bûcher. Le lendemain matin, alors que les fidèles se lamentaient, Finrob parut, gris des cendres de l’éruption, et tenant en ses mains une urne scellée dont il dit qu’elle contenait les cendres de Saint Cestax. Il ordonna qu’elle soit scellée au plus profond des catacombes.
Ainsi périt Saint Cestax pour la neuvième fois, allant servir Morn pour l’éternité de l’autre côté du désert de cendres.
Xiel’Du Premier Cendre prit alors la tête de l’ordre pour présider au service de Morn en Alarian. Ainsi se perpétua l’enseignement de Saint Cestax.

Certains érudits prétendent que des dévots, avides de mettre la main sur des reliques de Saint Cestax, se rendirent sur les lieux de la cérémonie une fois l’éruption terminée. Ils y trouvèrent les lieux épargnés par la lave encore fumante, sans plus aucune trace du bûcher. On a pu entendre certains murmurer que Cestax n’était peut être pas mort. Ceux-là disparurent rapidement dans de tragiques accidents.
Mais la rumeur resta au sein des plus savants des Veilleurs de Cendres. Et elle faisait écho à ce que Finrod aurait murmuré au moment d'enfermer les cendres sous le monastère.
“Suit la Voie des Cendres,
Vie et Mort toujours unies.
Traverse le voile.”

Ainsi s’achève le récit de Cestax Perce-Voile, le Saint aux Neufs Morts, le Hérault de Morn, fondateur de l’ordre des sentinelles de cendres.

Archonte Urgosh

Discours pour la crémation du Dragon et des Sangdragons.

Corne Robuste, Brave Écaille et Grande Griffe, drakéides redoutables. Vous avez péris sous les coups des Griffes de la Vouivre, choisissant d’honorer votre allégeance dissimulée jusqu’au dernier souffle en livrant un féroce combat.

Ipsolathraxas, terreur d’Arbrefoudre, corrupteur de la terre et des esprits, tu as connu la peur, la douleur, et finalement la défaite des mains de Novembre des Griffes de la Vouivre. Après avoir envoyé tant d’âmes de l’autre côté du voile, c’est à ton tour de le franchir.

Des cendres je suis le héraut. Des âmes je suis la faux.
Détachez-vous enfin de ce qui vous retient ici, votre voyage commence. Ne craignez pas le jugement car la peur n’a plus de sens passé les portes de la Mort.

Des cendres je suis le héraut. Des âmes je suis la faux.
Légères vous soit les cendres.