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Brume

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Brume        Empty Brume

Message par Admin Jeu 15 Avr - 10:04

Brume        Brume10

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Brume        Empty Re: Brume

Message par Brume Mer 9 Juin - 21:20

Brume        Aligne10

Brume

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Brume        Empty Rune tatouée sur la langue de Brume

Message par Brume Sam 8 Jan - 18:26

Brume        Tatoua10

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Brume        Empty Re: Brume

Message par Brume Lun 14 Mar - 21:09

Brume        Brume-10

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Brume        Empty Tatouage Brume suite aux épreuves

Message par Brume Sam 23 Avr - 12:35

Brume        Tatoua10

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Brume        Empty Re: Brume

Message par Admin Ven 13 Mai - 9:51

Brume a reçu une lettre de Halia THornton :

Je soussigné Halia Thornton, Bourgmestre désignée de la ville de Haute-Bannière en Ystaad, atteste avoir été informée ce jour par la porteuse de cette lettre dénommée Brume que celle-ci était entrée en possession d’un objet magique à l’occasion de l’exploration d’un souterrain. L’objet en question est un bâton ferré, doué de parole et répondant au nom de « Géraudus ». L’intéressée s’est engagée devant moi à régulariser au plus tôt sa situation auprès des autorités ducales.

En date du 51ème jour de Printemps de l’année 316 de la Dryade, signé Halia Thornton.

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Brume        Empty Oberé, la carne de Brume

Message par Brume Jeu 19 Mai - 21:42

Brume        Oberzo10

Oberé, la carne de Brume

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Brume        Empty Re: Brume

Message par Admin Dim 3 Juil - 10:09

Brumes du passé

Blanc
« Brume ! »
L’écho du cri résonnait encore dans l’air glacial quand elle toucha l’éperon, sa tête heurtant la neige dure comme la pierre. La violente douleur laissa place aussitôt au froid qui engourdit ses membres, tandis que le névé se teintait de rouge. Elle voulut parler, mais le monde chavira et elle sombra dans le néant.

Rouge
Le gobelin glapit en tenant ce qui restait de sa main ensanglantée contre son torse. Il recula en contemplant, horrifié, ses trois doigts qui gisaient dans la poussière.
« Rakash zatak, Gobgi ! Temalas ferak… »
L’horreur laissa place à la haine dans son regard tandis qu’il levait les yeux vers son bourreau. La frêle jeune fille le contemplait avec mépris, une dague tâchée de sang à la main. Les flammes qui éclairaient la caverne projetaient l’ombre ondoyante de sa silhouette cornue, telle une figure démoniaque.
« Derak Var. Kri ! »
Il baissa les yeux. Les autres gobelinoïdes qui profitaient du spectacle éclatèrent de rire et le couvrir de quolibets. Il était vaincu et humilié. Elle lui tourna le dos pour s’éloigner tandis que la clameur se calmait autour d’eux. Le cercle qui s’était formé au début de l’altercation commençait à se disperser. Elle se figea quand un cri de rage retentit dans son dos. Le gobelin avait arraché un épieu grossier des mains d’un de ses congénères et se ruait sur elle. Elle se jeta sur le côté, mais trop tard. La pointe lui lacéra le flanc et le sang gicla. La colère envahit son esprit. Les gouttes rouges se changèrent en flammèches, tandis que les yeux de l’enfant se mettaient à luire comme deux braises ardentes.
« Karreth Rinok ! »
L’air craqua et une langue de feu remonta la trainée de sang jusqu’au gobelin, l’engloutissant aussitôt. Ses hurlements se perdirent aussitôt dans le tourbillon de flammes et en quelques instants son corps calciné s’effondra au sol. L’épieu claqua sur la pierre et roula jusqu’aux trois doigts, dans un silence de mort. Le souffle court, elle jeta un regard de défi à l’assemblée stupéfaite.
Après des secondes qui parurent une éternité, un murmure approbateur courut sur les lèvres, ponctué de vigoureux hochements de tête. « Ignem Fahtu ! »
Serrant encore la dague dans sa main tremblante, elle s’éloigna d’un pas lent, en pressant son autre main contre sa blessure, priant silencieusement pour ne pas s’évanouir. Alors qu’elle pensait en avoir fini, une haute silhouette l’arrêta.
« Tu as bien fait de le tuer. Et j’espère que tu auras appris à ne pas tourner le dos à un ennemi blessé. La prochaine fois, achève-le. »
L’homme sévère fit une pause théâtrale avant de reprendre.
« Mais je reconnais que ton style… flamboyant… a au moins appris aux autres que ton sang a un prix qu’ils ne sont pas prêts à payer. »
Il contempla la tâche brune qui s’élargissait sur les vêtements de la jeune fille.
« La douleur est une bonne préceptrice, Brume. Quand on y survit. »
Elle le regarda s’éloigner.
« Oui, père. »

Noir
La tieffeline progressait dans le dédale poussiéreux, ombre parmi les ombres. Une odeur âcre lui prenait la gorge depuis qu’elle avait pénétré dans les catacombes. L’odeur de la mort. Elle aurait dû y être habituée, elle qui avait vécu aussi loin qu’elle s’en souvienne au milieu d’une bande de tueurs sans foi ni loi. Mais là c’était différent, ce n’était pas ce relent de sang séché, cette atmosphère de violence omniprésente. Non. C’était… Autre chose. La mort, sèche et désincarnée. L’oubli tranquille du dernier repos. La Quiétude. Curieusement, cela lui laissait un goût de cendres dans la bouche.
Ce n’était pas la première fois qu’elle devait s’introduire discrètement dans un temple ou une forteresse pendant que les soudards de son père éliminaient les gardes. Elle était encore jeune et sa petite taille l’aidait à passer inaperçue. Ce n’était qu’un pillage de plus, d’une relique qui ne l’intéresserait pas plus que la précédente et qui permettrait à Razel-Ghul d’invoquer un nouveau démon pour passer quelque sombre pacte. Un de plus. Elle avait depuis longtemps cessé d’espérer ou de chercher à comprendre. Elle faisait ce qu’on lui demandait et s’assurait ainsi sa pitance et un peu de respect.
Pourtant, aujourd’hui, dans les ténèbres de la nécropole, elle était perturbée. Quelque chose n’allait pas. Elle n’entendait plus les bruits de combat qui auraient dû détourner l’attention d’éventuels gardes. Et elle ne trouvait plus les traces de craie qu’elle avait laissées derrière elle pour s’échapper. Des murmures résonnaient dans les couloirs déserts, semblant venir de partout à la fois.
Elle pénétra dans une petite salle éclairée par quatre braseros de fonte noire. Elle secoua la tête et cligna des yeux. Comment était-elle arrivée ici ? Elle se retourna et ne reconnut pas les bas-reliefs du couloir qu’elle venait de quitter. Était-elle sous l’effet d’un sortilège ? Elle frissonna quand un courant d’air glacial parcourut la pièce. Les murmures étaient plus forts ici. Ils l’attiraient vers le mur en face d’elle, ils… l’appelaient.
Elle s’approcha et regarda au fond de l’alcôve creusée dans la paroi de basalte ouvragée. Une urne reposait là. Une urne ? Sa mémoire lui fit défaut et elle fut prise de vertiges. Était-ce bien une urne qu’elle était venue chercher ? Elle avança avec lenteur, comme prise dans un marécage. Un pas après l’autre. L’air semblait plus dense ici, presque palpable. Les murmures étaient devenus une clameur lancinante qui lui vrillait le crâne. Elle tendit la main.
Quand elle toucha l’urne, les voix se turent brusquement, et dans le silence terrible qui suivit, résonna un mot qui la terrifia jusqu’au plus profond de son être.
« Bienvenue. »

Gris
Les fers mordaient sa chair. Elle essaya de trouver une position moins inconfortable contre le mur de la cellule où elle était enfermée, mais parvint seulement à s’entailler un peu plus la peau du dos sur la pierre irrégulière. Elle étouffa un gémissement et se mordit la lèvre jusqu’au sang. Elle ne leur donnerait plus le plaisir d’entendre sa souffrance. Ses yeux étaient secs, mais son visage tuméfié et sale portait encore les stries de ses larmes de douleur, de rage… et de peur.
La porte s’ouvrit dans un grincement sinistre, révélant une haute silhouette. L’homme s’avança et l’observa en silence. Il parut immense à la jeune tieffeline, comme les statues de marbre gris des ruines de l’Avant. Elle chercha instinctivement à reculer tandis qu’il faisait un pas avant, suivi par deux gardes.
« Cinq des nôtres sont partis fouler le désert de cendres. Sept autres doivent se remettre de leurs blessures. Cela seul suffirait à te condamner. »
Son attitude était impassible, mais son regard trahissait tout le mépris qu’il avait pour elle.
« Tu es seule. Tes… amis… sont morts ou enfuis. Ils t’ont laissée derrière. Abandonnée. Et malheureusement pour toi, tu vis encore. »
Il s’était approché d’elle et sa voix grave n’était plus qu’un chuchotement quand il avait prononcé ces derniers mots. Il la saisit par une corne et lui tordit violemment le cou pour pouvoir la regarder dans les yeux. Elle grogna mais garda les dents serrées. Ils se défièrent du regard quelques instants avant qu’il ne reprenne.
« Tu as pénétré le Saint des Saints après avoir franchi le labyrinthe. Comment ? Qui t’a aidé ? Parle ! »
Elle resta muette.
« Tu parleras. Que tu le veuilles ou non. Et tu expieras. Qui t’a guidé ? »
Elle lui cracha au visage. Il prit le temps de s’essuyer d’un revers de main avant de lui décocher un coup. Elle sentit plusieurs côtes céder et ne put retenir un cri. Il la lâcha et la laissa pantelante. Chaque inspiration était douloureuse.
« Dis-moi qui t’a guidée jusqu’au sanctuaire des cendres. »
Elle toussa du sang et faillit s’évanouir de douleur. Tout commençait à se mélanger de nouveau dans sa tête. 
« Personne. Des voix… Des… Non. Une voix. Il m’a parlé. Je crois… »
Les traits du géant se tordirent un instant, la rage affleurant sous le masque.
« Chienne ! Tu étais seule. Quel démon t’a parlé ? Ne t’avise pas de mentir ! »
« Cce n’était pas un démon, Dulkin. Ni un diable, du resste. »
Les deux gardes en uniforme gris s’étaient inclinés et l’homme baissa le bras qu’il avait commencé à lever.
« Gardien Vargar ! Vous ne devriez pas… Pardonnez-moi… »
Il s’inclina rapidement devant le nouveau venu à la voix chuintante.
L’homme-serpent portait d’amples robes anthracites, brodées de symboles que Brume ne connaissait pas. Il la regardait avec une curiosité bienveillante. Contournant la silhouette massive de Dulkin, il s’approcha d’elle et lui posa la main sur le front pendant un instant avant de sourire.
« IL t’a ssouhaité la bienvenue, n’est-cce pas ? »
Elle le regarda avec étonnement, oubliant un bref instant ses blessures. Il poursuivit sans lui laisser le temps de répondre.
« Je l’ai entendu moi aussi. Sa voix a résonné dans tout le temple avec une force que je n’avais pas connu depuis bien longtemps. Ne me dis pas, Dulkin, que tu ne l’as pas entendu ? »
« Je… Le bruit de la bataille contre ces chiens de peaux-vertes a dû couvrir le… »
« Ssans doute, ssans doute. Ssoit. Libère-la, maintenant. »
« Mais Maître ! Elle était avec eux ! Cinq de nos frères sont morts par sa faute et… »
« Ssuffit, Dulkin. Leur temps de cce côté du voile devait ss’achever aujourd’hui. Nous pleurerons nos amis mais chérirons leur ssouvenir et nous réjouirons qu’ils aient accompli leur desstinée. Car nous avons une nouvelle ssœur maintenant. »
« Co… »
La question de Dulkin s’étrangla dans sa gorge. Il faisait largement une tête de plus que Vargar, mais paraissait un enfant à côté du vieil homme-serpent.
« N’est-cce pas, jeune tieffeline ? Tu as entendu sson appel. Tu as le choix. Ssouhaites-tu le servir de ce côté-ci du voile, ou de l’autre ? »
Il la fixa de ses yeux sans paupières où dansaient d’étranges lueurs, presque hypnotiques. L'écho de la voix mystérieuse lui revint en mémoire. Avait-elle vraiment le choix ?
« Je… J’accepte de servir. Je veux dire, ici. Vivante... Je... »
Vargar éclata d’un rire étrange, applaudissant la décision.
« Bien, bien ! A présent, dis-moi, comment te nomme-t-on ? »
« … Brume… »
« Hiérophante Dulkin, libérez la novicce Brume et faites-la conduire dans sses nouveaux quartiers. Tâchez-de lui trouver une tunique à ssa taille, et faites-lui prendre un bain. Je crains qu’elle n’ait ausssi besoin de ssoins, trouvez ssœur Blême. Et quant à toi, Brume, nous nous reverrons bientôt. Tu as choisi une voie difficcile et j’entrevois que ton périple ssera ssemé d’embûches et d’épreuves. Tu connaîtras la peine et la douleur, mais ta desstinée est grande. Ssi tu ne meurs pas avant, bien ssûr. »
« Mais, Gardien, elle est trop âgée pour commencer son noviciat ! »
« Et que proposes-tu, Dulkin ? D’en faire une acolyte dès maintenant ? Ccela me paraît osé. Ou alors quesstionnes-tu mon jugement, peut-être ? Ou bien le choix de Morn ? »
« Je... Non. Il en sera fait comme vous commandez. »
Dulkin s’inclina et Vargar quitta la cellule aussi silencieusement qu’il était entré. Brume le regarda partir et commença à se demander quand se présenterait la première occasion de s’échapper. Elle grimaça. Cela devrait attendre après les soins. Et la perspective d’un bain chaud n’était pas pour lui déplaire… Elle en était là de ses réflexions quand le fil de ses pensées fut interrompu par une voix sèche.
« Novice, hein ? Nous verrons combien de temps tu tiendras. Tu veux servir la Mort ? Je t’apprendrai à la souhaiter. Bienvenue dans l’ordre des sentinelles de cendres. »

Blanc. Bis.
Le voile noir se dissipait peu à peu. Elle ouvrit les yeux péniblement, aveuglée par la lumière froide de ce matin d’hiver. Lentement, les silhouettes s’affinèrent et elle distingua Ghaire et Arden qui la contemplaient depuis le surplomb. Elle essaya de lever la main pour leur faire signe. A son grand soulagement, son bras répondit et aucune douleur atroce ne vint s’ajouter à celles qui la lançaient déjà. Enhardie, elle voulut parler mais fut prise d’un haut-le-cœur et roula sur elle-même pour vomir.
« Morn soit loué, elle est vivante ! »
Brume finit de hoqueter avant de les regarder, toujours appuyée sur son avant-bras.
« Je ne suis pas certaine d’éprouver autant de soulagement que vous… »
Elle s’interrompit, prise d’une quinte de toux. Une fois passée, elle tâta prudemment l’arrière de son crâne, encore poisseux de sang. Elle entreprit de ramener ses jambes à elle avec précaution et s’assit tout en reprenant.
« Aussi surprenant que cela puisse paraître, il semble bien que je sois encore de ce côté du voile. Plus étonnant encore, on dirait que je suis en un seul morceau. Morn voudrait s’assurer de ne pas voir ma vilaine tête en son royaume qu’il ne s’y prendrait pas autrement ! »
L’inquiétude sur le visage des deux autres novices laissa place à des expressions outrées.
« Brume, c’est dangereusement proche du blasphème ! Et si… »
« …On m’entendait ? Nous sommes seuls sur cette montagne. C’est bien l’objectif de cette épreuve, non ? Et puis… Mon existence EST un blasphème. »
Elle avait prononcé cette dernière phrase en imitant la voix grave du Hiérophante Dulkin. Les trois novices éclatèrent de rire.
« Cesse de faire la pitre, il faut que nous te remontions ici. Et je veux regarder tes blessures, tu as quand même perdu connaissance… »
Le rire de Brume s’acheva en rictus. Ghaire avait raison et son corps venait de lui rappeler douloureusement qu’on ne chute pas de plusieurs mètres sur la roche et la glace sans en subir de conséquences désagréables. Elle avait mal partout... Le reste de l’ascension promettait de lui paraître long.
Elle soupira et prit enfin le temps de regarder autour d’elle. L’éperon sur lequel elle était tombée faisait à peine la largeur de deux hommes. Un peu plus à gauche et c’était l’à-pic. Plusieurs centaines de mètres de chute dans des crevasses de basalte. Elle déglutit et se dit qu’il était peut-être temps d’arrêter de tirer sur sa chance et d’apprendre la prudence. Et l’escalade.
Il leur fallut quelques minutes d’efforts pour la hisser au niveau du surplomb et les trois novices s’embrassèrent. Tandis que Ghaire examinait ses plaies et que Arden lui faisait remarquer sans sourire qu’il lui faudrait encore repriser sa tunique déchirée, Brume admirait le sommet du volcan qui découvrait sa majesté dans la lumière pâle.
« Les cendres nous appellent. »

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Brume        Empty Ombre portée

Message par Brume Dim 1 Jan - 12:54

Talbeth Hav, quartier marchand.

— Seigneur Rodomongues ! Quelle joie de vous revoir, messire. Ce n'est pas si souvent que l'on vous voit dans les estaminets du quartier marchand… Mais vous êtes bien pâle, vous êtes certain d'aller bien ?
— Ah, mon bon Marmafus ! Je vais bien, rassurez-vous… Mais je reviens tout juste d'une entrevue avec le Grand Prêtre Ozstarnaüs et ce diable d'homme me met toujours mal à l'aise au plus haut point.

Le Chevalier Halmaric Rodomongues avait soufflé cette dernière phrase dans un murmure qui seyait mal au colosse barbu et habituellement enjoué.

— Diable ! Le sinistre Osztarnaüs ! Est-il seulement humain ?
— Shh, taisez-vous malheureux ! Voulez-vous donc vous retrouver à nager dans le port avec une urne de plomb attachée aux pieds ?
— Allons, allons… Ce ne sont que des racontars… Qui oserait s’en prendre au commandant en second de la Compagnie du Dragon de Yago-Talb ? Les fous de Morn ne vous font pas peur à ce point, quand même ?

En dépit de sa gouaille, Marmafus Cotton avait baissé d'un ton.

— Marmafus, j’ai affronté bien des périls et je crois pouvoir dire que je connais plus de choses qui me craignent que l’inverse. Et pourtant, le grand prêtre me donne la chair de poule. Et même la Compagnie du Dragon n’irait s’opposer au Noir Sceau… Et les Sentinelles de Cendres ne sont pas les moins dangereux de ses membres. Je me garderais bien de provoquer leur ire.

Le marchand d’armes héla le tavernier qui leur apporta une bouteille et deux verres.

— Soit, Seigneur Rodomongues, vous avez raison, ne tentons pas notre chance, qui sait quelles oreilles peuvent nous écouter… Goûtez plutôt de ce divin nectar. Du rouge d'Ystaadt, un régal !
— Merci, merci… Cela me fera le plus grand bien, vous avez raison.
— Vous savez, c'est une curieuse coïncidence que vous me parliez du grand prêtre, car pas plus tard que ce matin je suis tombé sur Dame Silouenne, chez Oplodiningen... Vous savez, le gnome, marchand d'objets fantastiques…
— Oh, je le connais, oui, ce petit escroc aux airs mielleux. Ses biens sont hors de prix… Et d'une provenance… Douteuse.
— Certes, mais quand on ne regarde pas à ces détails, ou au prix, il a de belles pièces.
— Tenez, resservez-moi donc, c'est vrai que c'est une excellente bouteille… Merci ! Mais, vous me parliez du grand prêtre, quel rapport avec Oplodiningen ?
— Et bien, je me suis retrouvé pris dans une discussion avec la première Epée et le gnome, qui parlaient de la nouvelle protégée d'Ozstarnaüs.
— Ah ? Maintenant que vous me le dites, j'en ai entendu parler aussi, sur la barge qui m'emmenait au Temple. Une jeune fille… Brune ?
— Brume. Brume "Urne brisée".
— Drôle de nom…
— Assurément !

Marmafus Cotton se pencha en avant et prit des airs de conspirateur.

— Mais… Saviez-vous que seuls les membres de l'ordre d'un rang assez élevé ont le droit de porter un patronyme ?
— Ah ? Ah ! Voilà qui est intéressant. Si c'est un membre influent de l'ordre, et qui plus est proche d'Ozstarnaüs, c'est quelqu'un à rencontrer…
— Si vous appréciez l'exotisme. Oplodiningen me l'a décrite… Sous les robes noires et grises de l'ordre des sentinelles de cendres, c'est une Tieffeline à la peau cuivrée, avec des cornes démoniaques ! Et une queue !
— Oh. Effrayant ! Mais…
— Terrifiant, Oui ! Et ce n'est pas tout. Dame Silouenne a même ajouté qu'elle n'a qu'un seul œil valide, et une horrible balafre sur le second… Mais au lieu d'un œil mort, la cicatrice semble s'ouvrir sur du feu liquide !
— Mais c'est impossible !
— Je vous jure que c'est vrai, les deux étaient d'accord sur ce point.
— Je sais que c’est vrai ! Je la connais !
— Vous la connaissez ?
— Par le Noir Sceau, oui ! Je l’ai croisée avec ses compagnons, une bande d’aventuriers qui clament avoir défait un dragon ! Les Griffes de la Vouivre. Quand on s’intéresse aux êtres draconiques comme moi, ce ne sont pas des choses qu’on oublie…
— C’est à mon tour de vous en demander plus ! Est-ce un colosse à la peau d’airain ? Il faut sans doute ça pour terrasser un dragon !
— Ah… Pas exactement. Bien qu’un de ses compagnons pourrait correspondre à la description. Mais quant à elle, elle est plutôt du genre maigrichon, façon frêle jeune fille en détresse. Avec des cornes. Et un œil de feu. Vous savez, les semi-humains, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé.
— A qui le dites-vous. J’en frémis rien que de l’imaginer.
— L’apparence seule, cela irait encore, mais c’est son humour qui m’a… dérangé, et son regard, un peu comme si elle évaluait quand j’aurai besoin de ses services…
— Ah, les serviteurs de Morn. Le seul Dieu dont vous êtes certain d'avoir besoin… Brrr.
— Je persiste à penser que pour se mettre volontairement au service du dieu de la Mort il faut être un peu… Vous savez…
— Fou ?
— Chut ! Oui…
— Ces moines sont fous… Mais puissants.
— Dame oui, sinon je ne frayerais pas avec eux. Pensez-donc ! Il est certains pouvoirs qu’il vaut mieux avoir de son côté.
— Tout à fait. Vous avez sans doute l’entregent nécessaire pour rencontrer l’archonte, armé de ce que je viens de vous apprendre.
— L'archonte ? Ah, vous voulez parler d'elle ?
— Oui, c'est son rang dans l’ordre. A moins que vous ne souhaitiez que je demande à Oplodiningen de vous arranger un rendez-vous, pour ne pas vous impliquer trop directement ?
— C’est une bonne idée. Faites donc cela. Oh, mon verre est vide !

Alors que l’armurier s’apprêtait à le resservir, le chevalier l’interrompit.

— Je ne connais pas encore votre prix pour jouer les entremetteurs, mais j’imagine que vous avez déjà en tête quelque chose à me demander…
— Ah ! Sire Rodomongues ! Vous lisez en moi comme dans un livre ouvert… Mais que pouvais-je attendre d’autre de mon meilleur client ? Vous ai-je parlé des nouveaux prototypes que mes forgerons ont développé ?
— Je le savais…

Marmafus Cotton sourit ingénument et finit de remplir le verre du guerrier. Après un grognement, ce dernier eut un sourire carnassier.

— A mon tour de vous apprendre quelque chose !

Le marchand attendit.

— Saviez-vous que les moines du Noir Sceau sur l'île murmurent que pour devenir archonte si jeune, il faut être mort pour son Dieu et en être revenu changé.
— A ce que vous dites, elle a l’air bien vivante pour quelqu’un de mort. Ne pensez-vous pas que c'est un mythe ?
— Je ne sais pas trop… Avec le retour des Dieux, on ne sait plus à quel Saint se vouer, si vous me passez l'expression.
— Oui, difficile de dire ce qui est normal ou pas…
— En tous cas, les jeunes prêtres qui discutaient sur la barge semblaient excités… Je n'avais jamais vu de serviteurs de Morn aussi agités. Et au milieu de tous leurs chuchotements frénétiques, j'ai cru comprendre que l'un d'eux avait vu quelque chose d'étrange sur cette Brume.
— Son œil ?
— Non, je crois avoir compris qu'elle dissimule ses bras, mais un était sûr que c'est pour cacher de terribles brûlures magiques, comme quelqu'un qui a voulu manipuler un pouvoir trop grand pour lui. Une marque de son Dieu… Et ils se disputaient pour savoir si c’était un stigmate maudit ou bien une marque de faveur divine…
— Décidément, nous volons de mystère en mystère !
— Oui… Mais si cela l’a faite monter en grade, je mets une pièce sur la bénédiction.
— Cela paraît logique. A moins qu’elle n’ait réussi à les flouer. C’est quand même une sorte de démon.
— A moitié seulement… Et vous pensez que même un Fiélon pourrait tromper Osztarnaüs ?
— Non… Mais il pourrait bien l’utiliser contre les autres cardinaux, non ?
— Vous êtes trop rusé pour votre propre bien, Marmafus.
— Vous me flattez… Mais dites-moi, j'avoue que je serais curieux de la voir de mes propres yeux… Croyez-vous… ?
— Haha ! c’est une excellente idée, demandez au Gnome d’arranger un dîner, mes intentions n’en seront que moins suspectes !

Les deux hommes sourirent.

— Fort bien. Et d'ici là, que diriez-vous de trinquer à nouveau ? Garçon, une autre bouteille !


Brume

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